une anthropologue explique pourquoi les humains ne peuvent pas s'empêcher de passer des heures sur internet

Une anthropologue explique pourquoi les humains ne peuvent pas s’empêcher de passer des heures sur internet

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Les écrans occupent une place centrale dans nos vies et il devient de plus en plus difficile de s’en détacher. Réseaux sociaux jeux mobiles plateformes de streaming tout est conçu pour capter notre attention et nous inciter à rester connectés le plus longtemps possible. L’anthropologue Natasha Schüll spécialiste des mécanismes d’addiction explique comment ces technologies exploitent notre cerveau pour nous rendre accros.

Les réseaux sociaux donnent l’illusion d’une connexion humaine

Les plateformes comme Instagram TikTok et X sont souvent appelées « réseaux sociaux » mais ce terme peut induire en erreur. Natasha Schüll souligne que l’acte de scroller est avant tout solitaire. Contrairement aux conversations en face à face où des signaux sociaux marquent les pauses et la fin d’un échange le numérique ne nous donne jamais de raison explicite de nous arrêter.

Le principe du défilement infini joue un rôle clé dans cette dynamique. À chaque mouvement du doigt un nouveau contenu apparaît incitant à continuer encore et encore. L’absence de coupure naturelle renforce ce comportement automatique et maintient les utilisateurs dans une boucle sans fin.

Les plateformes numériques et les casinos utilisent les mêmes stratégies

L’analogie entre les réseaux sociaux et les casinos n’est pas anodine. Natasha Schüll qui a étudié les mécanismes d’addiction dans les salles de jeux explique que les plateformes numériques adoptent des techniques similaires pour maximiser le temps d’engagement.

Dans les casinos tout est pensé pour éviter les ruptures visuelles et mentales. Par exemple les tapis de jeu n’ont pas d’angles droits pour empêcher les joueurs de marquer une pause et de réfléchir à leur comportement. De la même manière les réseaux sociaux utilisent un design fluide avec un défilement continu qui empêche toute forme d’interruption naturelle.

Les notifications les récompenses instantanées et les algorithmes qui personnalisent le contenu renforcent encore cette dépendance. Chaque interaction est conçue pour déclencher une dose de dopamine un neurotransmetteur associé au plaisir et à la motivation poussant ainsi à prolonger l’expérience en ligne.

La frontière entre addiction et simple habitude est floue

Le terme « addiction » est souvent débattu dans le contexte des nouvelles technologies. Selon Schüll les comportements liés aux écrans se situent sur un spectre entre simple habitude et dépendance problématique.

Un signe révélateur est l’incapacité à s’arrêter malgré une volonté consciente de le faire. Ouvrir une application sans raison précise scroller sans objectif clair ou perdre la notion du temps sont des indicateurs d’un usage compulsif. Contrairement aux addictions visibles comme l’alcoolisme cette dépendance numérique est souvent invisible pour l’entourage rendant sa prise de conscience plus difficile.

Des solutions existent pour réduire le temps passé en ligne

Si les plateformes sont conçues pour capter notre attention il est possible de reprendre le contrôle en introduisant des « frictions » dans notre utilisation des écrans. Cette approche consiste à rendre l’accès aux applications moins fluide afin de casser les automatismes et favoriser une prise de conscience.

Quelques stratégies efficaces

  • Placer les applications distrayantes dans un dossier caché au lieu de les laisser en accès rapide sur l’écran d’accueil
  • Activer un minuteur avant d’ouvrir une application pour limiter son temps d’utilisation
  • Utiliser des outils qui imposent un délai avant l’ouverture des réseaux sociaux afin de casser le réflexe de consultation automatique

Ces solutions peuvent aider mais elles reposent sur l’initiative individuelle. Pour un véritable changement il faudrait une réflexion globale sur la conception même des plateformes numériques. Certaines régulations existent déjà pour encadrer les jeux d’argent alors pourquoi ne pas appliquer des règles similaires aux réseaux sociaux qui exploitent les mêmes mécanismes pour retenir les utilisateurs

Avez-vous déjà ressenti cette difficulté à décrocher des écrans ? Quels sont vos propres astuces pour limiter le temps passé en ligne ?

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