Noircir

A PROPOS
Noircir, c’est des contes inopportuns, des pensées inutiles, des poésies mals emboitées, des phrases trop emballées, un mélange, une tambouille d’univers passant du cynisme à l’essai, de la réflexion politique au tacle idéologique, de la rêverie à la réalité.
C’est aussi et surtout, une montagne de cahiers remplis par tout et n’importe quoi, dans le seul et unique but, de laisser une trace.

Je suis auteur, j’écris des textes puis je les vocifère,
Et alors ? Qu’est-ce que tu vas faire ?
Je vais noircir jusqu’à ce que mes doigts tâchés d’encre séchée n’en puissent plus,
Je vais noircir jusqu’à ce que mes paupières fatiguées de suivre ces traits se ferment doucement,
Je vais noircir jusqu’à ce que l’encre s’assèche,
Je vais noircir tant que le cerveau s’échauffe.
Je vais noircir de rébellion,
Je vais noircir d’ironie,
Je vais noircir d’ignominie,
Je vais noircir de ma jeunesse,
Je vais noircir de ma tendresse,
Je vais noircir de ma haine parfois
Et d’autres fois je noircirais de ma frustration,
Je vais noircir, noircir et noircir, encore et encore, noircir.
Chaque consonne qui tape à ma bouche,
Chaque voyelle qui s’invite à la fête est une raison de plus pour noircir
Noircir d’encre collante, noircir de pensées ragoutantes, noircir d’idées ravagées, noircir de poésies imbuvables.
Ma plume ne cessera de danser sur le papier, ne cessera de l’abîmer d’anecdotes poisseuses, de contes ignobles, de rimes boiteuses, de vers délavés.
Je vais noircir, noircir jusqu’à n’en plus pouvoir, puis je m’estomperais, je partirais, et ne restera plus qu’un noircissement infâme de lettres, de syllabes, de mots, de phrases, de points, de virgules, de point-virgules.

Écriture, jeu Adrien Grassard
Piano Loue