Si & autres pièces courtes

Eugène Ionesco

Présentation

Si & autres pièces courtes d' Eugène Ionesco
Date(s) :
/
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
à 19h30
Durée : 1h05

L’art est du merveilleux vivant.

Eugène Ionesco

Trois courtes pièces de Ionesco. Trois facettes réunies sous le prisme du " Si ", le " il était une fois " des contes de notre absurde réalité : une arme dans le théâtre d’engagement, le vitriol de la satire sociale, l’humour dans le drame et la noirceur de la comédie, la poésie d’une situation, une langue de l’incommunicable, la question dans l’évidence.

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Informations sur le lieu

Salle Vicky Messica
Les Déchargeurs
3, rue des Déchargeurs
RDC Fond Cour
75001 Paris

La presse en parle

Radio Nova / Le Grand Mix
Rythmé et enlevé, dramatiquement drôle, intelligent. Courez-y !

Distribution

Coréalisation Les Déchargeurs / l’Obtus Obus

Multimédia

Notes & extraits

Il est évidemment difficile d'écrire une pièce de théâtre. Cela demande un effort physique considérable: il faut prendre un stylo, qui est très lourd, il faut chercher du papier, qui ne se trouve guère, et il faut se mettre devant une table qui souvent s'écroule sous le poids de vos coudes… Il est relativement facile, par contre, de faire la pièce sans l’écrire. Il est facile de l’imaginer, de la rêver, étendu sur un divan entre le sommeil et l’état de veille. Un personnage surgit, on ne sait d’où, qui en appelle d’autres. Le premier se met à parler, la première réplique est faîte, le « la » est donné, les autres répliques s’enchaînent, automatiquement. On reste passif, on écoute, on « regarde » ce qui se passe sur l’écran intérieur.

Eugène Ionesco

SI… Pivot de la langue française vers l'imaginaire, ouverture possible vers l'impossible, c’est le titre d’un des Exercices de conversation et de diction françaises pour étudiants américains, qu’Eugène Ionesco a écrit pour un manuel pédagogique; et la clef de voûte du spectacle, composé de trois pièces courtes rarement montées compte tenu de leur brièveté.
Trois visages de Ionesco, réunis sous le prisme du "Si", le "il était une fois" des contes de notre absurde réalité: Le nouveau Locataire, pièce noire, caustique et misanthrope; Scène à quatre, qui démantèle les faux-semblants du langage; et les Exercices, abécédaire ludique donnant les clefs d’appréhension de la langue française par l’absurde.
Le spectacle part d'un constat de l'auteur: il est difficile d'écrire une pièce de théâtre; il faut chercher un papier, soulever son stylo… Il est plus facile de l'imaginer, allongé sur un divan; on n'a qu'à lire ce qui se passe sur l'"écran intérieur".
"Si" est ainsi une plongée à l'intérieur de soi, vers les émotions, les rêves, les angoisses constitutives de l'être humain, et ce, par l'intermédiaire d'un théâtre "total", transdisciplinaire, mêlant musique, arts plastiques, et jeu. L'espace scénique est ainsi un personnage: il est hérissé d’objets vivants, sonores et mouvants, animé de décors-personnages, de trompe-l'œil, d'effets spéciaux. Le spectacle est ludique, visuel, étrange, caustique. Dans la tension entre l'angoisse et le rire. A l'image de son auteur, qui jamais ne dénonce, mais tourne en dérision nos tares les plus absurdes.

Emilie Chevrillon, Coralie Maniez

PREMIER DEMENAGEUR. - Ça va ? Vous êtes bien ? On est bien chez soi.
LE MONSIEUR. - Avez-vous apporté tous les meubles ?
PREMIER DEMENAGEUR. - Monsieur, c’est bien ennuyeux…
LE MONSIEUR. - Quoi ?
DEUXIEME DEMENAGEUR.- C’est plein dans l’escalier. On ne circule plus.
LE MONSIEUR. - Dans la cour, aussi c’est plein. Dans la rue aussi.
PREMIER DEMENAGEUR. - Les voitures ne circulent plus, en ville. Des meubles, plein.
DEUXIEME DEMENAGEUR. - Vous en avez, des meubles ! Vous encombrez tout le pays.
Le Nouveau Locataire

JEAN-MARIE. - Sommes-nous logiques?
MARIE-JEANNE. - Je ne le pense pas.
Exercices de conversation et de diction françaises pour étudiants Américains

MARTIN. - Messieurs, mes amis, ne perdons pas notre temps. Au fait. Vous parlez pour ne rien dire.
DUPONT, à MARTIN. - Comment, moi, je parle pour ne rien dire ?
DURAND, à MARTIN. - Comment, vous osez dire que je parle pour ne rien dire ?
DUPONT, à MARTIN. - Comment pouvez-vous dire que nous parlons pour ne rien dire, quand précisément vous venez vous-même de dire que l’on parlait pour ne rien dire, alors qu’il est absolument impossible de parler pour ne rien dire puisque, chaque fois qu’on dit quelque chose, on parle et que, réciproquement, chaque fois qu’on parle quelque chose, on dit.