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L’Idiot (part.1)
Fédor DostoïevskiIl n’y a rien de plus blessant pour un homme de notre temps que de lui dire qu’il est un homme ordinaire.
Présentation
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Il n’y a rien de plus blessant pour un homme de notre temps que de lui dire qu’il est un homme ordinaire.
Le prince Mychkine revient à Saint-Pétersbourg après une longue convalescence dans un village Suisse. Il franchit la porte des Epantchine, ses lointains parents, et fait la connaissance de la belle Nastassia Filippovna. Autour d’elle, Dostoïevski dépeint une humanité aux passions douloureuses. L’argent, le pouvoir, la femme... Rivalité et désirs les torturent tous : Rogojine, fils d’un riche marchand, passionné jusqu’à la souffrance ; Gania, humilié par sa pauvreté et prêt à toutes les bassesses pour s’élever ; le général Epantchine et Totski, vieux jouisseurs qui détruisent des vies…
C’est au milieu de cette humanité en proie à ses démons que le Prince exercera sa bonté et son discernement. Il en subira les conséquences.
Informations sur le lieu
La presse en parle
Distribution
Coréalisation Les Déchargeurs / Les Apprentis de l’Invisible
Multimédia
Notes & extraits
NOTE D’INTENTION
Pourquoi faisons nous le mal ? Et qu’est ce que c’est que le Mal ? Et le Bien, le pardon, le désir ? Comment vivre ? Ces questions sont communes à tous les grands auteurs mais Dostoïevski les pose d’une manière à ce point actuelle que beaucoup ont donné à son oeuvre une valeur prophétique. En observant les bouleversements de la société de son temps, il avait compris que, désormais, les grandes questions inhérentes au fait de vivre se présenteraient essentiellement comme des problèmes d’héritages.
L’héritage - qu’il soit financier, moral ou génétique - est injuste. Certains naissent dans le luxe et d’autres dans la misère. Certains sont fils de résistants et d’autres fils de collaborateurs. Certains naissent femmes et d’autres naissent hommes. Dans notre société où chacun a droit au bonheur et où il ne dépend que de nous d’être ce que l’on a décidé d’être, comment accepter ce qui nous est donné ? Par exemple, comment accepter, comme Gania, de naître dans une famille pauvre et, en plus, de n’avoir aucun talent ? Ce n’est pas non plus la faute de Nastassia si elle a été violée par son tuteur alors qu’elle n’était qu’une enfant. Ni celle d’Hyppolite si, à vingt ans, sa phtisie ne lui laisse que quelques semaines à vivre. Tous se révoltent contre ce qui est donné et si Dostoïevski avait écrit son roman aujourd’hui, peut être aurait-il placé au côté d’Hyppolite un jeune transsexuel révolté par le fait que la loi puisse l’empêcher de choisir son sexe ! Que convient-il de faire de notre héritage ? Nous n’avons ni choisi d’être ni d’être qui nous sommes. Faut-il se révolter ?
David Goldzahl
EXTRAITS
Gania au prince : Vous me dites que je n’ai pas la moindre originalité. Notez bien, cher prince, qu’il n’y a rien de plus blessant pour un homme de notre temps que de lui dire qu’il n’a aucune originalité, qu’il est faible de caractère, qu’il n’a pas de talent particulier et qu’il est un homme ordinaire. Vous m’avez humilié pis encore qu’Epantchine qui croit que je suis capable de lui vendre ma femme ! Ça, mon bon, ça me rend fou depuis longtemps, et c’est l’argent que je veux. Une fois que j’aurai l’argent, sachez-le, je serai l’homme le plus original. L’argent, il est d’autant plus sale et haïssable qu’il donne même du talent. Et il en donnera jusqu’à qu’à la fin des temps. Vous direz que tout ça, c’est des rêves de gosse, ou de la poésie — eh bien, tant mieux mais la chose, n’empêche, elle se fera quand même. J’y arriverai, je tiendrai. Rira bien qui rira le dernier ! Bon, mais ça suffit, l’heure tourne. Vous serez loin d’être mal chez nous. Maintenant, vous faites partie de la famille.