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Histoire vécue d'Artaud-Mômo
Antonin ArtaudLa célèbre conférence du Vieux-Colombier d’Antonin Artaud, livrée dans une performance hallucinée. Une troublante réincarnation du poète visionnaire, « suicidé par la société »…
Présentation
La célèbre conférence du Vieux-Colombier d’Antonin Artaud, livrée dans une performance hallucinée. Une troublante réincarnation du poète visionnaire, « suicidé par la société »…
Pour marquer l’événement, le 13 janvier 2000 et pour une longue série de représentations, Gérard Gelas décida de présenter « la conférence du Vieux-Colombier », celle qu’Antonin Artaud lui-même présenta le 13 janvier 1947 devant une salle comble où se côtoie toute l’intelligentsia parisienne du moment (Breton, Picasso, Gide, Dullin, Adamov…). Il a alors 50 ans, mais son corps a tant souffert des électrochocs, de l’asile, des envoûtements, de la drogue, qu’il lui fut impossible d’articuler une simple phrase. La salle interloquée assista à des silences, des cris, des psalmodies, des phrases extralucides, délires schizophrènes… Finalement, cette conférence organisée par les amis d’Antonin Artaud afin de l’aider financièrement généra un immense malaise face à cet immense poète, suicidé par la société. Le texte que vous allez entendre est celui écrit pour cette conférence. Artaud est ici présent par l’écrit, et interprété par Damien Rémy.
Informations sur le lieu
La presse en parle
Damien Rémy fait passer le génie, la douleur et l'égarement / L'Avant-scène théâtre
Souffrance et beauté vous tombent dessus, sans barrière, sans distance. C'est de l'histoire au présent, dans une interprétation magnifique / Web Théâtre
Cette Histoire vécue d’Artaud-Mômo met en lumière l’œuvre visionnaire et déraisonnée d’un écrivain du siècle / L'Express
Distribution
Production le Théâtre des Mathurins. Une création du Chêne Noir, Avignon.
Multimédia
Notes & extraits
LE MOT DU METTEUR EN SCÈNE
Voilà longtemps que l’Internationale de la propriété des consciences est réalisée et elle n’est pas prête de lâcher prise.
Cette note manuscrite d’Antonin Artaud, en préparation à sa conférence du Vieux-Colombier, ne fût jamais prononcée puisque le 13 janvier 1947 dans ce théâtre, devant un parterre qui, de André Breton à Gide, réunissait tout le gotha artistique et intellectuel de la capitale, Artaud le Mômo ne parvînt pas à lire les feuillets qu’il avait apportés. Seuls quelques cris, quelques mots chargés d’une insondable souffrance s’échappèrent de lui, plaçant l’assistance dans cet état d’indicible malaise qui peut saisir les biens repus ou les gens dits normaux, quand ils se trouvent face à face avec la misère métaphysique d’un poète suicidé par leur société.
Après le 13 janvier 1947, le 13 janvier 2000 au Théâtre du Chêne Noir (qui prit cette non-couleur en 1967 en référence aux forces noires d’Antonin Artaud), quand Damien Rémy a incarné pour la première fois le grand absent, il s’est agi de beaucoup plus que d’un spectacle. Il s’est agi de se laver de tous les crimes du XXe siècle et de la gueule de bois que la fête obligée du changement de millénaire n’avait pas manqué de nous laisser.
Un grand acteur seul pour la solitude d’un grand auteur, acteur de sa propre vie, et la pauvreté des moyens pour relier l’un à l’autre. Il s’agit avec ce Tête à Tête, c’est certain, d’aller au réel, guidé par les signaux de détresse d’un homme seul, et qui, comme d’autres êtres seuls, ne se résigne pas à voir l’humanité entière s’échouer sur les rivages mous où règnent en maîtres les microbes de la connerie, comme disait cet autre grand poète, Léo Ferré.
Gérard Gelas