
Clouée au sol
George BrantPrésentation
5 dates supplémentaires exceptionnelles !
Dans sa combinaison de pilote de l’US Air Force, elle déchire le bleu du ciel aux commandes de son Tiger. Son histoire d’amour l’amène à faire la guerre avec un drone. La violence, exercée à distance, froidement, est feutrée et presqu’irréelle. Elle a le pouvoir de tuer des êtres humains, très loin. Petit à petit, elle glisse et se perd. Qui est coupable ? Qui est victime ? Qui est innocent ? Qui est qui ? De cratères en béances, la déchirure s’agrandit. Mais la mort est bien à l’oeuvre dans les déserts lointains et le souffle des bombes télécommandées revient toujours avec les spectres de l’humanité fracturée.
Informations sur le lieu
La presse en parle
Pauline Bayle cloue le spectateur dans son fauteuil. / Le Parisien
Puissant monologue. Impressionnante Pauline Bayle. / La Croix
C'est fascinant ! Une performance à voir absolument ! / L'Express
Comédienne épatante. Beaucoup d'intensité. Corps à corps haletant. / Le JDD
Rarement la métamorphose d’un être a été si justement transmise. Saisissant. / Transfuge
Belle pièce, non travail, formidable actrice. / Mediapart
Distribution
Production La Reine blanche / Les Déchargeurs
Labellisé « Rue du Conservatoire » (Association des élèves et des anciens élèves du Conservatoire national supérieur d'Art dramatique)
Multimédia
Notes & extraits
MOT DU METTEUR EN SCENE
C'est l'histoire d'une femme pilote qui s'est construite à force de courage et de volonté pour exister au sein de l'US Air Force. A la suite d'une rencontre amoureuse, elle lâche les commandes le temps de mettre au monde son enfant. Les mois passent et l'appel du ciel se fait de plus en plus pressant. Mais quand elle se présente pour reprendre le service, c'est un nouvel appareil qu'on lui confie : plus de ciel, fini l'ivresse de la vitesse, la sensation de toute puissance... Désormais c'est un drone qu'elle devra piloter. Dur de renoncer au bleu du ciel pour plonger dans le gris d'un écran. Envoyée faire la guerre au Moyen-Orient depuis une caravane climatisée près de Las Vegas, douze heures par jour elle sera un œil tout puissant, quasi divin, surveillant le désert prête à exécuter sur le champ les "cibles" désignées. Puis le soir elle rentrera dans son foyer voir sa fille dormir en paix.
Mais la guerre c'est la guerre et celle-ci, malgré le mythe du risque zéro, danger de mort écarté, s'avère plus dévastatrice pour la pilote. Son espace mental va basculer, la frontière entre ses deux vies famille la nuit, guerre le jour-devient poreuse. Aller à la guerre comme on va au bureau et rentrer à la maison le soir devient un prix lourd à payer, les frontières se brouillent. Les deux déserts, celui dans lequel elle vit et celui qu'elle scrute à l'autre bout du monde, finissent par se confondre.
Cette figure de la pilote est une Antigone moderne avec ses certitudes. Elle se bat pour ce qu’elle croit juste, jusqu’à se croire l’égal des Dieux de l’Olympe. Elle en vient à se penser intouchable (le risque zéro), plus forte que le système social, l’ordre militaire et la technologie. Comme dans la tragédie la parole sera agissante. Seul un petit espace légèrement incliné posé sur la scène du théâtre sera le lieu de cette parole afin que le spectateur puisse se concentrer sur le voyage intérieur de cette femme. La lumière et le son seront très présents, ils accompagneront le paysage mental de la pilote.
Le jeu prendra appui sur l’écriture rythmée, pulsatile de la pièce avec ses accélérations et ses ralentissements, avec son économie et sa puissance d'évocation.
C’est une matière théâtrale gymnique, qui est de l’ordre de la performance, un corps à corps entre une actrice et un texte. Gilles David
LE POURQUOI DU COMMENT / GILLES DAVID
Comment ce texte est-il arrivé jusqu’à vous ?
J’appartiens au comité de lecture d’écriture contemporaine de Pont à Mousson. C’est à cette occasion que j’ai eu connaissance de ce texte. Le sujet très actuel (les frappes de drones) ainsi que la force, la structure, le rythme, l’économie du langage et la forme théâtrale mon immédiatement séduit.
Et vous décidez de le monter…
Je suis très sensible aux différentes formes théâtrales. C’est un texte très structuré avec beaucoup de retours à la ligne, des phrases courtes et des paragraphes qu’il faut dire sur un seul souffle.
C’est une matière théâtrale très gymnique, qui est de l’ordre de la performance. Un corps à corps entre l’acteur et le texte. Nous assistons à l’évolution du personnage, dans cette avancée, au présent du texte. L’histoire se raconte de manière dynamique, laissant la place à toute la gamme des émotions. Le public se fait le confident de la pilote. Rendre compte de cette expérience de vie, c’est aussi pour l’interprète du rôle vivre un voyage et une expérience théâtrale partagée avec le public.
Quel est le voyage intérieur de cette femme au parcours étonnant ?
C'est l'histoire d'une femme pilote qui s'est construite à force de courage et de volonté pour exister au sein de l'US Air Force. A la suite d'une rencontre amoureuse, elle lâche les commandes le temps de mettre au monde son enfant. Les mois passent et l'appel du ciel se fait de plus en plus pressant. Mais quand elle se présente pour reprendre le service, c'est un nouvel appareil qu'on lui confie : plus de ciel, fini l'ivresse de la vitesse, la sensation de toute puissance... Désormais c'est un drone qu'elle devra piloter.
Ce qui bouscule son rapport au monde ?
Dur de renoncer au bleu du ciel pour plonger dans le gris d'un écran. Envoyée faire la guerre au Moyen Orient depuis une caravane climatisée près de Las Vegas, douze heures par jour, elle devient un œil tout puissant, quasi divin, surveillant le désert prête à exécuter sur le champ les « cibles » désignées. Puis le soir elle rentre dans son foyer voir sa fille dormir en paix. Mais la guerre, c'est la guerre, et celle-ci, malgré le mythe du risque zéro, danger de mort écarté, s'avère plus dévastatrice pour la pilote. Son espace mental bascule, la frontière entre ses deux vies, famille la nuit, guerre le jour, devient poreuse. Aller à la guerre comme on va au bureau et rentrer à la maison le soir est un prix lourd à payer. Les deux déserts, celui dans lequel elle vit et celui qu'elle scrute à l'autre bout du monde, finissent par se confondre, et l'humain ressurgit.
Comment s’est faite votre rencontre avec le théâtre Les Déchargeurs ?
Mon agent, Marie Duchanoy, qui connaissait Ludovic Michel, le directeur du théâtre Les Déchargeurs, lui a fait parvenir la pièce. Ce dernier a été séduit par la force du texte. Dominique Hollier qui signe la traduction et qui, par ailleurs, est mon assistante sur ce projet, a fait le lien entre Ludovic Michel et l'auteur George Brant, qui a été convaincu par le projet et par le théâtre Les Déchargeurs. Il a trouvé que c’était un bel endroit dans son rapport scène/salle pour faire exister son texte.
Comment allez-vous traiter ce monologue ?
Il s'agit avant tout de faire entendre l'écriture. Le jeux prend appui sur la typographie du texte : les retours à la ligne, les espaces entre les blocs et le rythme inscrit dans l'écriture. C'est à partir de cette structure que l'actrice va trouver sa propre respiration. La scénographie est épurée afin que le spectateur puisse se concentrer uniquement sur le voyage intérieur de cette femme. La lumière et le son, également présents, permette d’accompagner le paysage mental de la pilote.
Marie-Céline Nivière
Conseillère éditoriale, Les Déchargeurs / Le Pôle
EXTRAIT
« Je ne voulais plus jamais l’enlever
Plantée devant le miroir
Moi avec cette tenue
Je l’avais gagnée
Ça c’était moi, maintenant
Voilà qui j’étais, voilà qui j’étais devenue
grâce à ma sueur, à mon cerveau, à mes tripes
Ça c’est moi »