Les Déchargeurs, c’est plus qu’un théâtre. C’est un théâtre, dans un quartier, celui des Halles, le plus vieux de Paris. Son ventre, selon la métaphore de Zola. Monstre absolu riche de denrées en tout genre, alimentant la chair et les esprits. La rive gauche du quartier latin a longtemps monopolisé l’émulation intellectuelle. La rive droite garde pour elle l’émulation artistique. En cela elle est un ventre, dont le cœur est aux Halles : essayez-vous à l’exercice. Une carte de Paris. Un doigt qui tombe en son centre parfait. Vous trouvez Les Déchargeurs. Le cœur du ventre. Tout autour, une émulation, un défilé d’initiatives et d’horizons divers, une ode à l’art et à son intelligence… Mais, assez de théorie ! Ce quartier-ci se visite avec les sens, en humant les odeurs, en goûtant les saveurs… « qu’est-ce que j’peux faire, j’sais pas quoi faire »… Nous on sait ! Venez au Déchargeurs, mais permettez-vous quelques détours !
FAITES LE PAS !
Comment venir aux Déchargeurs ? Rien de compliqué. Cap droit sur les Halles. Si vous venez de la Rive gauche, n’hésitez pas à traverser par l’île de la Cité. Depuis le rivage, contemplez l’enseigne : cinquante-mille mètres-carrés d’espace et cent-cinquante ans d’histoire vous toisent. C’est la Samaritaine, l’un des grands magasins les plus mythiques de la cité parisienne, qui rouvre ses portes après quinze longues années d’absence. Si vous n’escomptez pas faire des emplettes parmi toute la multiplicité des produits proposés, vous ne perdrez rien à jeter un œil à l’architecture intérieure.

Passons. La Samaritaine est déjà derrière vous, et avant de passer clandestinement les frontières du quartier des Halles, vous devez faire un choix : contournez le quartier par l’Est, et vous trouverez sur votre chemin l’emblématique tour Saint-Jacques. Faites un salut à Blaise Pascal qui trône à la base du clocher gothique, et reprenez votre cap. Ou alors, préférez contourner par l’Ouest : vous tombez droit sur le Louvre. Si parmi cet amoncellement d’images, vous ne savez où donner de la tête, pourquoi ne pas aller droit sur l’Aile Richelieu, niveau -1, salle 101. Vous pourrez contempler l’un des hommes à la barbe blanche peint par Tintoret, et prendrez ainsi de l’avance sur la pièce Maîtres anciens que vous viendrez voir aux Déchargeurs, mise en scène par Gerold Schumann. Il vous offrira quelques réminiscences de cet intriguant tableau.
Passons le Louvre. La rue du même nom mène tout droit vers une autre enseigne emblématique des Halles : la bourse de commerce, impossible à manquer sous ses allures d’arène romaine. Architecturalement, c’est déjà une prouesse qui vaut le détour. Mais il n’y en a pas que pour l’architecture : le bâtiment abrite l’une des plus grandes collections d’art contemporain, celle de François Pinault, qui a ouvert ses portes en mai 2021.
https://www.pinaultcollection.com/en/boursedecommerce/programme
Vous n’êtes pas artistiquement restauré ? Très bien, il s’agit maintenant de traverser les Halles. Prenez donc la tangente pour un parcours artistico-poétique. Premier stop, les parallèles. De l’authenticité en voici en voilà : des caisses pleines de Cds, et même des vinyles, pour les plus puristes d’entre nous. La librairie parallèles, c’est un accent mis sur la musique, mais qui n’a rien d’exclusif : les moins mélomanes d’entre vous pourrez feuilleter la collection sélective de bouquins, neufs ou d’occasion, qui parsèment les étagères de l’enseigne.

Imprégnez-vous de la musicalité du lieu, son odeur ne vous sera pas sans utilité pour la prochaine halte.
Deuxième stop, la Maison de la Poésie, à quelques encablures. Ce qui nous lie ? Ce goût prononcé pour la poésie contemporaine, pour les mots, pour la création. Parmi la programmation dense et variée, parmi les choix de lecture, d’atelier ou de rencontre, nul doute que vous trouverez chaussure à votre pied en ce lieu porteur de littérature. C’est l’un de nos credos communs, cet amour des mots qui nous lie, et qui trouve son expression dans notre programmation, et nos partenariats. Dès octobre, vous pourrez entendre Jean-Pierre Siméon, le directeur artistique du Printemps des Poètes, vous parler, aux Déchargeurs, de « Gallimard et ses poètes »… Affaire à suivre.
ESCAPADE FAMILIALE
Pourquoi ne pas envisager de visiter les Halles en famille ? Notre quartier n’est pas le dernier à miser sur l’avenir. Venez le vérifier par vous-même, vous verrez que les Halles ouvrent leurs portes au tout public, de 7 à 77 ans. L’atteste le Musée en Herbe, notre voisin de la rue de l’Arbre-Sec, le seul musée pour les « 3 à 103 ans ». Vous pourrez éveiller vos enfants, ou prétexter de le faire pour vous éveiller vous-mêmes aux sciences et à l’art, toujours de manière ludique et entrainante.
http://www.musee-en-herbe.com
Sortis de là, cap Nord-Est. Impossible de manquer sur votre droite l’emblématique Centre Pompidou, et à défaut de le visiter, nul doute que vous trouverez sur son parvis une représentation vivante, de rue, dont les artistes de Beaubourg chérissant l’emplacement ont le secret… Méfiance cependant. Le boulevard de Sébastopol dans votre dos, vous n’êtes plus dans le quartier des Halles, à quelques centimètres près. La perspective d’une visite familiale au Musée de l’Illusion vous convaincra d’y revenir. D’ailleurs on y revient toujours, comme Ulysse à Ithaque.

Sur votre chemin, vous pouvez vous permettre un petit détour bénéfique, par la maison la plus vieille de Paris, celle de Nicolas Flamel. Ne vous privez pas du débat aussi traditionnel qu’irrésolument insolvable sur la véracité de sa découverte : se peut-il que l’alchimiste passionné ait découvert la pierre philosophale ? On raconte quoiqu’il en soit que c’est sur l’emplacement actuel des Déchargeurs, décidément un lieu d’inspiration, qu’il aurait officié au XIVe siècle.
https://vivreparis.fr/histoire-de-la-plus-vieille-maison-de-paris/

Si vous avez aimé défier l’impossible, confronter science et mythe, ne vous arrêtez pas en chemin. En quelques enjambées, vous re-traversez la frontière des Halles, et tombez face au Musée de l’Illusion. Étroitement serrée et oppressée entre deux imposants bâtiments, on soupçonne déjà un peu le potentiel magique et mystérieux de la petite bâtisse. Bienvenue dans le monde incroyable des illusions ! Cartésiens, passez votre chemin. Ou acceptez le défi porté à la rationalité, vous en apprendrez des belles, car il s’agit bel et bien d’un lieu de culture, et de culture savante…
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LE PONT, À AVIGNON
Notre parcours des Halles manque d’exotisme à votre goût ? Entendu. Pensons plus grand. Plus loin. La cité des papes. Le pont. Mais surtout le cœur dramatique de la France, Avignon. Le rendez-vous annuel des amoureux du théâtre, privés depuis déjà trop longtemps de leur abreuvoir artistique. Bon, que voir ? Pas facile. Vous ne pourrez assurément pas voir exhaustivement les centaines de spectacles programmés. Pour vous faciliter la tâche, mais surtout pour votre propre plaisir, l’équipe des Déchargeurs vous propose ses coups de cœur. À bon entendeur…

Parmi tous les spectacles prévus à Avignon, gardez un œil attentif à ceux qui nous ont nous-mêmes tapés dans l’oeil, et qu’on a choisi pour la programmation des Déchargeurs. Dépôt de bilan, que Geoffrey Rouge-Carassat jouera aussi sur nos planches en décembre 2021. Grande Ourse, d’Etienne Bianco, programmé chez nous pour février 2022.
Au-delà de sa programmation, Les Déchargeurs entretient aussi des liens avec un certain nombre de pièces et d’artistes. Gardez l’esprit alerte pour L’histoire d’une femme, de Pierre Notte, auteur familier des Déchargeurs, où il jouera en novembre une nouvelle mise en scène : Pédagogies de l’échec. Ne pas perdre de vue non plus le Point Cardinal, seul en scène adapté du roman de Léonor de Récondo, et qu’on a découvert avec plaisir chez nos confrères du théâtre de Belleville ! Il faut aussi voir Les Femmes de Barbe-Bleue, mise en scène par Lisa Guez et Peut-être Nadia de Pascal Reverte, fidèle partenaire des Déchargeurs. On a aussi bien hâte de voir trois pièces que les Déchargeurs a accueillies en résidence : L’Homme au chien au chien de Lucie Langlois, Eurydice aux enfers de la compagnie de L’Eau qui Dort et 27 de Zoé Lepetitdidier !
Avignon promet bien des pépites, et nous serons au rendez-vous pour nous en assurer ! Vous pourrez peut-être nous croiser, immanquablement affairés à assister à ces spectacles que nous avons très envie de voir, comme Un démocrate de Julie Timmermann, Jules du Carrelage Collectif, ADN de Denis Kelly mise en scène par Marie Mahé, Midi nous le dira de Joséphine Chaffin, Moi vivante mis en scène par Emmanuel Besnault ou encore Les Témoins, de Yann Rezeau !
& après avoir arpenté les rues d’Avignon et découvert plus de 50 spectacles, notre coeur vous envoie vers ces 6 très belles découvertes : Adeno nuitome de Lola Molina, L’Île d’Hector Manuel/collectif Bajour, La Vie et la mort de J.Chirac, roi des français de Léo Cohen-Paperman, Pôvre vieille démocrasseuse mise en scène de Michel Bruzat avec Marie Thomas, Elephant man d’Antoine Chalard et Notre dernier voyage d’après Bernard Giraudeau mise en scène de Marc Tourneboeuf.