prélever le livret a des français, emprunt, placement pour la défense… voici les pistes pour financer la guerre

Prélever le Livret A des Français, emprunt, placement « pour la défense »… Voici les pistes pour financer la guerre

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Face aux défis sécuritaires croissants, le gouvernement français examine des solutions innovantes pour renforcer le budget de la Défense. Depuis mars 2025, cette question est devenue centrale dans le débat public suite aux déclarations d’Emmanuel Macron concernant la mobilisation de l’épargne des Français pour soutenir l’effort militaire national.

Les options de financement patriotique pour la défense nationale

Le Président de la République a évoqué à plusieurs reprises la possibilité de « lancer des produits d’épargne » spécifiques pour « financer certains programmes » militaires. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large qui a déjà permis de doubler le budget de la Défense en dix ans, atteignant désormais 50 milliards d’euros en 2025, soit 2% du PIB français.

Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a précisé sur France Inter le 6 mars 2025 que cette mobilisation de l’épargne se ferait « de manière volontaire » pour les citoyens souhaitant « placer de l’argent de manière patriotique, voire rémunérée ». En revanche, il prévient que ce placement, bien que symboliquement fort, pourrait ne pas offrir des rendements particulièrement attractifs.

Les précédentes tentatives d’orientation de l’épargne vers la défense n’ont pas toujours rencontré le succès espéré. Les établissements bancaires manifestent certaines réticences, comme le souligne Christophe Plassard, député Horizons et rapporteur spécial du budget de la défense nationale : « Entre le moment où vous décidez de créer un produit, que les banques le commercialisent et que vous collectiez l’argent, il s’écoule un temps considérable. »

Utiliser le Livret A pour soutenir l’effort de guerre

L’idée de réorienter une partie des fonds du Livret A vers le secteur de la défense fait partie des pistes visitées. Ce produit d’épargne représente un potentiel considérable avec 414 milliards d’euros cumulés en 2024 et une moyenne de 7 077 euros par détenteur, selon les données de la Banque de France.

Christophe Plassard défend cette approche en expliquant qu' »avec le Livret A, il suffit de flécher une partie de l’argent vers la défense ». Cette solution aurait l’avantage de la simplicité, sans nécessiter la création d’un nouveau produit financier complexe. Pourtant, tout changement dans les règles d’utilisation du Livret A pourrait entraîner des conséquences importantes pour les épargnants habitués à un cadre stable et sécurisé.

Éric Lombard, ministre de l’Économie, apporte une nuance importante : « Dans les fonds du Livret A, il y a déjà des investissements dans des actions de sociétés françaises et certaines comme Airbus ont une part de l’activité dans la défense ». Cette réalité suggère qu’une partie de l’épargne populaire finance déjà indirectement le secteur militaire.

L’emprunt national comme alternative crédible

Face aux limites de l’utilisation du Livret A, l’option d’un emprunt direct auprès des Français gagne en crédibilité. Christian de Boissieu, vice-président du Cercle des économistes, soulève la question de la liquidité comme obstacle majeur à l’utilisation du Livret A : « L’argent sur mon Livret A, je le retire d’une minute à l’autre… Est-ce que ce n’est pas problématique d’immobiliser cette épargne dans un investissement long terme ? »

La formule de l’emprunt national s’inspire des précédents historiques, notamment pendant la Première Guerre mondiale. Cette approche présenterait l’avantage de la transparence avec un dispositif clairement dédié au financement de la défense. Les Français participant à cet effort pourraient bénéficier d’avantages fiscaux en plus des intérêts garantis.

Une éventuelle baisse du taux du Livret A en 2025 pourrait d’ailleurs rendre un tel emprunt national plus attractif par comparaison, si son rendement était fixé à un niveau compétitif.

Vers une décision stratégique sur le financement militaire

La question du financement de la défense nationale se pose désormais avec acuité, alors que les tensions géopolitiques s’intensifient, notamment avec le conflit en Ukraine. L’enjeu pour le gouvernement sera de concevoir un mécanisme qui concilie l’impératif de financement de la défense avec l’adhésion des citoyens.

La promesse présidentielle que ces investissements se feront « sans que les impôts soient impactés » ajoute une contrainte supplémentaire, rendant l’appel à l’épargne volontaire d’autant plus stratégique. Le succès d’une telle initiative dépendra largement de sa présentation aux Français et de sa capacité à susciter un sentiment d’engagement patriotique.

Le choix final entre réorientation du Livret A, création d’un produit d’épargne dédié ou lancement d’un emprunt national devra tenir compte de multiples facteurs : rapidité de mise en œuvre, volume potentiel de collecte, acceptabilité par les citoyens et impact sur les finances publiques. La décision finale appartient désormais au gouvernement, qui devra convaincre à la fois le Parlement et les Français de la pertinence de son approche.

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