L’adoption du compteur Linky suscite encore des réticences chez certains consommateurs français. Par contre, cette résistance pourrait bientôt avoir un impact significatif sur leur portefeuille. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a récemment annoncé une mesure qui risque de faire grincer des dents : dès le 1er août 2025, les foyers refusant l’installation du compteur intelligent devront s’acquitter d’une somme supplémentaire sur leur facture d’électricité. Cette décision soulève de nombreuses questions quant à ses implications pour les consommateurs et l’avenir de la gestion énergétique en France.
Sommaire
ToggleAugmentation des coûts pour les réfractaires au Linky
La CRE a dévoilé sa nouvelle délibération concernant le « TURPE 7 HTA-BT » le 6 février 2025. Cette décision introduit une composante tarifaire additionnelle pour les foyers non équipés d’un compteur Linky. Concrètement, à partir du 1er août 2025, les ménages possédant encore un compteur d’ancienne génération verront leur facture d’électricité augmenter de 76,5 euros par an.
Cette hausse se décompose en deux parties. D’une part, un montant de 46,70 euros TTC annuel sera appliqué à tous les foyers ayant explicitement refusé l’installation du Linky. D’autre part, un supplément de 29,80 euros TTC par an concernera les usagers n’ayant pas transmis de relevé de consommation à Enedis au cours des 12 derniers mois. Ces frais visent à couvrir les coûts liés au maintien des infrastructures nécessaires pour gérer les anciens compteurs.
Justifications de la CRE pour cette mesure
La Commission de régulation de l’énergie argue que le déploiement massif des compteurs Linky, achevé fin 2021, a profondément modifié la manière dont l’électricité est mesurée et facturée. Les nouveaux dispositifs permettent une transmission automatique des données de consommation et facilitent les opérations à distance, réduisant considérablement le besoin d’interventions humaines.
D’un autre côté, environ 2,1 millions de foyers, soit 5% des consommateurs français, disposent encore d’un compteur traditionnel. Cette situation oblige Enedis à maintenir une double gestion du réseau : automatisée pour la majorité et manuelle pour une minorité. Ce système parallèle engendre des surcoûts estimés à 52 millions d’euros sur la période 2022-2024.
La CRE estime qu’il n’est plus justifié de faire supporter ces dépenses à l’ensemble des utilisateurs. Elle adopte en conséquence une approche de responsabilisation, visant à faire assumer aux réfractaires les coûts liés au service qu’ils continuent de mobiliser.
Implications pour les consommateurs
Cette nouvelle mesure affectera différemment les foyers selon leur situation. Parmi les 2,1 millions de ménages non équipés de Linky, 180 000 bénéficieront d’une exemption pour des raisons techniques indépendantes de leur volonté. Les 500 000 usagers n’ayant pas communiqué leur relevé de compteur depuis un an devront s’acquitter du supplément de 29,80 euros annuels.
Il est essentiel de remarquer que ces frais s’ajoutent à d’autres surcoûts déjà existants pour les détenteurs de compteurs ancienne génération. Par exemple, une mise en service standard coûte 1,74 euro avec Linky contre 31,83 euros sans, tandis qu’un changement de puissance est facturé 4,21 euros avec Linky contre 42,81 euros pour les anciens compteurs.
Vers une généralisation inéluctable du Linky ?
Cette décision de la CRE semble s’inscrire dans une stratégie plus large visant à encourager l’adoption universelle du compteur Linky. En rendant financièrement moins attractif le maintien des anciens dispositifs, les autorités espèrent probablement accélérer la transition vers un réseau électrique entièrement numérisé.
Néanmoins, cette approche soulève des questions quant au respect du choix des consommateurs et à l’équité de traitement entre les usagers. Certains opposants au Linky pourraient y voir une forme de pression économique pour forcer l’acceptation d’une technologie qu’ils jugent controversée. Néanmoins, la CRE insiste sur le fait que son objectif n’est pas de punir, mais de refléter les coûts réels engendrés par le maintien d’un système dual.
À l’aube de cette nouvelle ère énergétique, les consommateurs français se trouvent face à un choix : accepter le compteur Linky ou assumer financièrement leur résistance au changement. Cette décision pourrait bien marquer un tournant décisif dans la modernisation du réseau électrique national.