À propos de Tom à la ferme

MOT DE L’AUTEUR
Perdre quelqu’un subitement, c’est un fil qui se casse. Ce lien qui nous retenait à l’autre, à celui qui n’est plus là. Les bouts effilochés de la vie de Tom, et de ceux de la mère et du frère du défunt, cherchent par instinct, par survie, à se nouer à quelque chose d’autre, à un autre bout de fil effiloché. L’autre devient en partie synonyme de celui qui n’est plus là : un frère, un fils, un amant.
Pour Tom, cet endeuillé en perte de repères, les mensonges deviennent des vérités et les coups, des caresses. J’ai longtemps cherché un titre à cette pièce. Finalement, j’ai choisi Tom à la ferme. Titre bon enfant aux accents bucoliques mais qui, comme le reste de la pièce, est trompeur. Je tente cette phrase : tendre l’oreille à la souffrance amoureuse, on y peut tous, un peu, quelque chose, chaque jour.
Avant d’apprendre à aimer, les homosexuels apprennent à mentir. Nous sommes des mythomanes courageux.

MOT DU METTEUR EN SCÈNE
Avec Tom à la Ferme, Michel Marc Bouchard nous offre une de ses pièces les plus intimes et noires. La mise en scène s’évertue avant tout à ne pas rentrer dans les stéréotypes scéniques en martelant une simplicité déconcertante dans tous les aspects artistiques (jeu, scénographie, costume, univers sonore). L’objectif principal est que le public tangue entre des phases d’oppression et de tendresse, une forme de BDSM émotionnel. Secrètement, je pense que le public cherche à voir quelque chose qu’il ne veut pas voir, à vivre au théâtre ce qu’il ne veut pas vivre dans la vie et ne peut que trop rarement vivre par l’intermédiaire d’autres formes d’arts (notamment Cinéma, séries TV). Et moi, je suis une sorte d’apprenti sorcier passionné par les mécanismes émotionnels humains qui utilise le théâtre pour assouvir mes pulsions. J’aime voir les gens rire, pleurer, s’évader, souffrir. Tom à la Ferme nous permet de retourner aux racines du mensonge, aux racines de la radicalité et du mal, aux racines de l’amour. Personne ne sera épargné.