À propos de TIQUETONNE

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Si Tiquetonne écrivait cette note d’intention, elle dirait certainement que son univers est tellement vaste et enivrant que son metteur en scène n’a qu’à s’en imprégner et la laisser vivre. Et le pire, c’est qu’elle n’aurait pas complètement tort. Mais mettre en scène Tiquetonne, c’est d’abord la contredire : c’est déceler qu’elle est -derrière un univers apparemment bien organisé- une matrice à contradictions, un abysse que sa petite voix charmante a du mal à remplir. Et comme souvent au théâtre, la contradiction est créatrice : l’arrivée d’un nouveau personnage, un “tout autre” est le point d’ancrage qui va faire vaciller de l’intérieur le système-Tiquetonne. Une fois ce point d’Archimède trouvé, la balance peut se faire, le spectateur peut entrer.

On me nomme Tiquetonne car mon âme chante comme le ding-dong d’une douce horloge. Est-il besoin de préciser que j’étais une véritable splendeur ? J’étais belle…

Tiquetonne a d’abord existé par une voix et en tirant sur ce fil, un univers onirique s’est déversé en avalanches. Pourtant il était clair qu’elle ne s’en tiendrait pas à un délire d’improvisation… Il y avait quelque chose d’enfoui à aller chercher : le mélange d’enfance et de sénilité, la toute-puissance créatrice, l’élaboration forcenée d’un monde à elle, à la taille de son narcissisme. Sans cesser de tourner la manivelle de sa petite boîte à murmures, nous avons écrit son histoire. Il suffisait pour cela de l’écouter, de la transcrire et de la comprendre. Mais avant tout de se laisser entreprendre, de se laisser rencontrer, entamer par sa poésie et sa folie. Et ainsi sur les pages du cahier comme sur la scène, le petit vélo que chacun d’entre nous a dans la tête peut tourner à l’envie, le petit grain de folie peut germer et devenir ce qu’on veut, quitte à devenir une plante carnivore.