À propos de CHAWA, PIÈCE DE MA MÉMOIRE

En 2017, j’ai découvert une lettre écrite par ma grand-mère dans laquelle elle retrace l’histoire de sa vie, de sa naissance en 1917 à Lodz (Pologne) au sein d’une famille juive à la naissance de ses petites filles. Sur ces quelques pages elle pose un contexte historique et politique, décrit les divergences d’opinions au sein d’une famille, les paradoxes de la guerre, elle nomme aussi les noms des membres d’une famille que je n’ai pas connue.
Ma grand-mère était l’axe autour duquel gravitait ma famille, c’était le témoin d’une histoire qui s’inscrit dans la grande, une fois partie, que reste t’il de ses paroles ?
Je me suis posée la question de la place que je pouvais prendre face à ce que nous appellons le devoir de mémoire. Qu’est ce que ma génération peut transmettre et comment ? Quelle est ma légitimité, où est ma responsabilité ?
– Maud Landau, autrice et comédienne
Mamie, raconte-moi ! J’adore quand tu me racontes la Pologne.
« Oh Camille ! Pourquoi tu viens écouter des histoires comme ça ? Des histoires sans intérêt de vieilles personnes. »

Si les gens qui nous quittent continuent à vivre tant que nous parlons d’eux, j’ai pris le risque de traverser l’histoire de ma grand-mère à travers mon prisme. Je suis partie de son témoignage et je l’ai mis en résonance avec les questionnements d’une femme trentenaire au XXI ème ; qu’est ce que signifie la transmission, l’héritage, la mémoire inconsciente collective, le transgénérationnel, les origines, la judéité, l’identité ?
Avec l’aide de Quentin Laugier, j’ai écrit «Chawa, pièce de ma mémoire» à partir des écrits de ma grand-mère, des miens, d’un travail d’archives réalisé en Pologne et en France et du travail d’improvisation dirigé par Laura Lutard.
J’ai choisi l’humour et le rire comme partenaires pour aller rencontrer les fantômes du passé et avoir la distanciation nécessaire pour partager cette histoire intime. Au-delà de mon histoire, je me suis demandé à quels endroits l’intime rejoignait l’universel et comment les lignes de faille au sein d’une famille peuvent être le miroir de la grande Histoire.
– Maud Landau, autrice et comédienne

Peut-on trouver des réponses à la question « qui suis-je ? » en interrogeant la vie de nos aïeux, même ceux que nous n’avons pas connus ? Peut-on savoir où aller en se plongeant dans l’intime de ceux qui sont venus avant nous ?
La question des origines est récurrente pour tous. Elle s’impose à nous à un moment donné de notre vie. Nous questionnons nos origines ethniques, sociales, culturelles… Nous en constatons les ruptures, les prolongements et les échos.
Se pencher sur ces questions à la lumière de l’histoire des juifs ayant connu la seconde guerre mondiale et de leurs descendants est d’autant plus pertinent. Cette période s’ancre dans une catastrophe dont les plaies sont toujours ouvertes. Face aux retours de croix gammées taguées, d’insultes fascistes et dans un contexte politique inquiétant, des études montrent que 19% des 25-34 ans n’ont jamais entendu parler de la shoah. Ce chiffre s’accentue à chaque génération montant à 21% pour les 18-25 ans.
Les questionnements qui se posent alors aux enfants et petits-enfants de survivants deviennent plus puissants car ils touchent à une identité personnelle, collective tout autant que citoyenne. Devoir de mémoire, histoire universelle et chronique familiale s’entremêlent intimement avec vivacité.
– Quentin Laugier, dramaturge
L’ÉQUIPE ARTISTIQUE





CONTACTER / SUIVRE LA COMPAGNIE LA LIBELLULE
- WordPress