L’or ne brille pas seulement dans les bijouteries. Il se cache aussi dans nos maisons, plus précisément dans nos appareils électroménagers. Une découverte surprenante révèle que certains dispositifs que nous jetons contiennent ce métal précieux. Des chercheurs suisses ont développé une méthode innovante pour l’extraire de façon écologique et économiquement viable. Cette avancée pourrait bouleverser notre approche du recyclage électronique.
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ToggleLa richesse insoupçonnée dans nos déchets électroniques
Nos foyers regorgent d’appareils électroniques qui, une fois devenus obsolètes, finissent souvent à la décharge. Ce que beaucoup ignorent, c’est que ces appareils renferment de véritables trésors. Les téléphones portables, les téléviseurs et les micro-ondes contiennent tous des quantités variables d’or 22 carats.
Un téléphone portable usagé peut contenir entre 0,03 et 0,05 gramme d’or. Plus impressionnant encore, une tonne de téléphones mobiles mis au rebut peut fournir jusqu’à 350 grammes d’or 22 carats. Cette concentration dépasse celle de nombreux gisements miniers actuellement exploités dans le monde.
Malheureusement, tenter d’extraire cet or à domicile s’avère impossible et dangereux. Les composants sont conçus pour résister aux manipulations et contiennent souvent des substances toxiques. C’est pourquoi le recyclage professionnel devient essentiel pour récupérer ces métaux précieux tout en protégeant l’environnement.
Une révolution suisse dans le recyclage des métaux précieux
Face à l’augmentation constante des déchets électroniques, les chercheurs de l’ETH de Zurich ont développé une solution aussi ingénieuse qu’écologique. Leur méthode tranche radicalement avec les techniques traditionnelles d’extraction qui utilisent des produits chimiques nocifs comme le cyanure ou le mercure.
Le professeur Raffaele Mezzenga et son équipe ont créé une éponge composée de fibrilles protéiques issues du lactosérum, un sous-produit de la fabrication du fromage. Cette innovation transforme un déchet alimentaire en outil de récupération d’or hautement efficace.
Le processus commence par la dissolution des composants électroniques dans une solution acide qui libère les ions métalliques. L’éponge protéique capture ensuite spécifiquement les ions d’or. Un simple chauffage transforme ces ions en paillettes puis en pépites d’or 22 carats, composées à 91% d’or et 9% de cuivre. Lors d’une expérience, les scientifiques ont extrait 450 mg d’or à partir de seulement 20 cartes mères d’ordinateurs.
Rentabilité et durabilité: un modèle d’économie circulaire
Cette méthode suisse ne se distingue pas uniquement par son respect de l’environnement. Sa rentabilité économique impressionne également les experts du secteur. Les chercheurs estiment que chaque dollar investi dans ce processus peut générer jusqu’à 50 dollars de retour en or récupéré.
Cette rentabilité s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, le coût des matières premières reste minimal puisque le lactosérum constitue un déchet de l’industrie fromagère. Ensuite, la consommation énergétique du processus demeure modérée comparée aux méthodes d’extraction minière traditionnelles.
L’approche présente aussi un double avantage environnemental. Elle valorise simultanément deux types de déchets: les résidus alimentaires et les rebuts électroniques. Cette synergie limite considérablement l’empreinte carbone du recyclage tout en contribuant à préserver les ressources naturelles.
L’équipe zurichoise travaille maintenant à l’industrialisation de cette technologie pour l’appliquer à plus grande échelle. Leur objectif: transformer la façon dont nous gérons les 50 millions de tonnes de déchets électroniques produits annuellement dans le monde, dont moins de 20% sont actuellement recyclés.
Cette innovation illustre parfaitement comment la recherche scientifique peut apporter des solutions concrètes aux défis environnementaux contemporains. Le recyclage des métaux précieux contenus dans nos appareils électroménagers pourrait ainsi devenir une composante essentielle d’une économie plus circulaire et respectueuse des ressources de notre planète.